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21 septembre 2001 10h17, Toulouse
Il fait beau ce vendredi à Toulouse, un léger vent d’autan souffle, un beau week-end s’annonce. Mais, à 10 h 17, le destin de milliers de personnes et celui de la ville vont basculer. C’est à cette heure fatidique qu’environ 300 tonnes d’ammonitrate vont exploser au hangar 221 de l’usine AZF. Trente et un morts, des milliers de blessés, des millions de dégâts matériels, des vies et une ville à reconstruire voila le bilan résumé en quelques mots de cette catastrophe. Après le choc deux questions se posent : pourquoi et qui est responsable ? À ces deux questions, la justice va répondre par une très longue procédure qui se terminera 18 ans après l’explosion.
Mes premiers contacts avec la catastrophe.
J’arrive à Toulouse en 2001, quelques mois après cet évènement dramatique. Je découvre une ville meurtrie. Les dégâts matériels sont encore visibles partout. Des plaques de contreplaqués sont toujours là, aux fenêtres, aux vitrines, des maisons sont en ruines ou soutenus par des échafaudages. Nombreux sont mes collègues de l’audiovisuel, qui, ce tragique 21 septembre, étaient avec une caméra pour montrer. J’écoute leurs témoignages, je m’informe, je suis l’actualité de l’époque : l’annonce de la fermeture définitive, les problèmes d’indemnisation, la destruction de la grande cheminée blanche et rouge, ce jour-là c’est tout un symbole qui s’écroule. Par la suite viendra la reconnaissance au civil de la responsabilité de Total dans l’explosion, et petit à petit l’effacement des traces de la catastrophe.
Je veux en savoir plus
Cinq ans après l’explosion marque, de mon point de vue, un tournant dans cette histoire pour un témoin extérieur. Les dernières traces physiques de la catastrophe disparaissent avec la fin de la destruction du site chimique qui va laisser la place au cancéropole, la reconstruction du Lycée Gallieni situé à quelques centaines de mètres de l’usine et durement touché par l’explosion. Entre ses murs on dénombrera une des victimes de l’explosion, Mousthoupha Bourra, venu de Mayotte faire ses études à Toulouse. C’est à ce moment que je commence à travailler sur un projet de film sur cette explosion et les années qui s’en sont suivies.
Des témoins importants
Je vais à la rencontre des différents témoins et acteurs de toutes ces années. Je citerais pour commencer Frédéric Arrou, président de l’association des sinistrés du 21 septembre, Jacques Mignard, Président d’AZF – Mémoire et Solidarité, l’association des ex-salariés de Grande-Paroisse. Tous deux sont victimes de l’explosion, pourtant un gouffre les sépare, celui du point de vue des causes de l’explosion et des responsabilités suivant que l’on soit interne ou externe à l’usine.
Lors de ce travail d’enquête je rencontrerais également Jean François Grelier, il fonde l’association des sinistrés du 21 septembre avec Frédéric Arrrou, ainsi que l’association des « sans fenêtres » de la Cité du Parc à Toulouse. Militant Lutte Ouvrière, il consacrera le reste de sa vie à défendre les victimes. Une autre personne qui m’impressionne est Gérard Ratier. Ce monsieur a 61 ans au moment de l’explosion, il perdra son fils dans l’explosion. Alain Ratier, salarié de la compagnie d’ascenseur OTIS, effectuait une opération de maintenance sur un de ceux-ci à 10 h 17. Gérard Ratier, après s’être coupé totalement du monde pendant plusieurs mois, crée l’association des familles endeuillées et se plonge dans le dossier judiciaire. Il connaît le dossier sur le bout des doigts et a permis au long de l’enquête d’éclairer la justice sur certains points. Je rencontre d’autres victimes souffrant à vie de pathologies liées à l’explosion. Je m’entretiens également avec Patrick Timbard, le directeur délégué du groupe Total à Toulouse, qui est en charge de l’indemnisation des victimes. Je me souviens de cette phrase « dans cette catastrophe, on a de la chance que ce soit Total le responsable, car la société a un carnet de chèques pratiquement illimité ». Cette affirmation qui peut être choquante n’en est pas moins une réalité, qu’aurait été l’indemnisation des victimes si la responsabilité en avait incombé à une PME ?
Un procès exceptionnel
En 2009, le procès au pénal tant attendu par les victimes va enfin commencer. La responsabilité de Total a déjà été reconnu pour le civil, la société doit indemniser les victimes. Il s’agit de savoir maintenant qui est coupable ? Ce procès est exceptionnel à plusieurs titre, sa durée: 4 mois, le nombre de parties civiles: 1800, la délocalisation dans une salle pouvant accueillir mille personnes, c’est le procès de la plus grande catastrophe industrielle en France depuis la guerre. Et c’est le premier procès en correctionnel a être filmé et quatrième de toute l’histoire judiciaire française, après ceuxde Klauss Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon.
Et un film
La société IEC-ASV responsable de la diffusion du procès m’appelle et me demande si je suis intéressé pour réaliser la retransmission vidéo de celui ci. Je n’hésite pas longtemps et j’accepte la mission avec enthousiasme. Après m’être intéressé à cet épisode de l’histoire toulousaine, j’allais pouvoir participer aux premières loges et même être acteur à ce nouvel épisode.
Ce 23 février 2009, commence donc plusieurs mois d’audiences pendant lesquelles la justice va essayer de répondre à cette question: Que s’est il passé le 21 septembre 2001 ?
Je vous raconte ici le déroulement de ce procès exceptionnel au fil des semaines.