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Le parcours insoupçonné de la galette

Voici une histoire ancienne qui est une composante du contenu de marque de nombreuses entreprises.

Après la période de fêtes de fin d’année, riches en contes merveilleux, cette semaine c’est une autre histoire qui est à l’honneur : l’épiphanie.

Cette histoire qui a, tout comme Noël, un impact direct sur l’économie, avec la vente des galettes, trouve ses origines dans les textes religieux.

Vous devez certainement savoir que cette période de l’année est associée à l’histoire des rois mages. Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quel rapport avec cette fameuse galette des Rois, qui va être dévorée à 32 millions d’exemplaires ?

Une belle histoire et une étoile

Notre histoire commence le 25 décembre qui est, depuis la décision de l’église catholique en 336, la date officielle de la naissance de Jésus. Cette date a été retenue, car elle permet de faire coïncider la nativité avec les fêtes païennes commémorant le solstice d’hiver, célébrées le 25 décembre dans le calendrier romain. D’après la légende, les 3 rois mages — Melchior, Gaspard et Balthazar — se mettent en route le 25 décembre après l’apparition d’une étoile dans le ciel qui les guidera vers leur destination.

Qui n’en est pas une

En fait cette étoile est plus probablement, un alignement extraordinaire de planètes.

Au XVIIe siècle, l’astronome Kepler a découvert une conjonction entre Jupiter et Saturne dans la constellation des Poissons, qui s’est produite à trois reprises en l’an 7 avant notre ère. Au début du XXe siècle, l’archéologue allemand Schnabel trouva de nombreuses tablettes cunéiformes sur un site à proximité de Bagdad. Sur l’une d’elles figure une éphéméride confirmant l’apparition de cette conjonction.

Guidés par ce phénomène, les rois mages se mirent en route, au bout de 12 jours de voyage ils arrivèrent à Bethléem. C’est donc le 6 janvier qu’ils se présentèrent devant Jésus pour lui offrir leurs présents, l’or, l’encens et la myrrhe.

Ces mages partirent peut-être de Saba, qui est aujourd’hui la ville de Saveh située à une centaine de kilomètres de Téhéran en Iran. En effet Marco Polo dans son livre des merveilles du monde écrit : « En Perse est la ville de Saba, de laquelle les trois rois mages sont partis […] et dans cette ville ils sont enterrés, dans trois grands et beaux monuments. Et parmi ceux-là existe un bâtiment carré, magnifiquement conservé. Les corps sont toujours entiers, avec leurs cheveux et leurs barbes. »

Un quatrième homme

Mais ces mages n’étaient peut-être pas trois. Seul St Mathieu dans son évangile, qu’il écrit entre l’an 70 et 90, parle de mages, mais leur nombre n’est pas mentionné, pas plus que leurs noms ou l’appellation Roi.

C’est Tertullien, un des plus grands théologiens de Carthage, qui a le premier l’idée, au cours du IIe siècle, de transformer les mages du Nouveau Testament en Rois. Ils trouveront leurs noms au cours du Ve siècle dans un texte grec traduit au VIIIe siècle en latin, dont le manuscrit original est conservé à la bibliothèque de France et consultable sur Gallica.

Certains textes font référence à un quatrième mage, Artaban, qui aurait fait demi-tour, après avoir oublié ces présents,  ou serait parti trop tard et n’aurait retrouvé Jésus que bien des années après. En Finlande et en Russie, on raconte que le Père Noël est le quatrième roi mage.

Et la galette, que vient-elle faire dans cette histoire ?

La tradition de la galette n’est pas liée directement à cette histoire de rois mages, elle est là grâce une coïncidence de dates.

Le gâteau des Rois trouve ses origines dans les saturnales romaines. Ces célébrations destinées au dieu Saturne fêtaient l’augmentation des jours après le solstice d’hiver. Nous retrouvons ici les fêtes païennes qui ont servi à fixer le jour de la naissance du Christ. Au cours du banquet, un gâteau fourré de figues, de dattes et de miel, est divisé en parts égales entre les maîtres et les esclaves. À l’intérieur de celui-ci était introduite une fève ; pour tirer au sort le « Saturnalicius princeps » (prince des Saturnales). Le « roi d’un jour » disposait du pouvoir d’exaucer tous ses désirs pendant la journée (comme donner des ordres à son maître) avant d’être mis à mort, ou de retourner à sa vie d’esclave. Pour assurer la distribution aléatoire des parts de galette, il était de coutume que le plus jeune se place sous la table et nomme le bénéficiaire de la part qui était désigné par la personne chargée du service.

Au cours des siècles qui suivirent, la coutume persista sous différentes formes. L’économie de la galette des Rois provoqua même un conflit entre les boulangers et les pâtissiers. François Ier octroya aux seuls pâtissiers le droit de fabriquer la galette, au XVIII^e siècle, les pâtissiers intentèrent un procès aux boulangers, car ils usurpaient leurs droits. Le Parlement rendit, en 1713 et 1717, des arrêts qui interdisaient aux boulangers d’employer du beurre et des œufs dans leur pâte, et même de dorer leur pain avec des œufs, par conséquent ils ne pouvaient pas faire de galette. Cette interdiction a été surtout en vigueur à Paris.

Dans la capitale, la galette s’est un peu mélangée avec le pithiviers pour devenir une galette de pâte feuilletée fourrée à la frangipane. Dans le sud c’est une brioche aux fruits confits et à la fleur d’oranger qui est le gâteau des Rois.

Toute cette histoire de rois mages et de galettes constitue une partie du brand content des multiples sociétés qui ont intégré « rois mages » dans leur nom (25 d’après société.com) et pour les commerces distribuant la fameuse galette.